Ajout 13 janvier 2021 : Annuler la semaine de relâche ou proposer des travaux pendant celle-ci serait me remettre dans une situation impossible et beaucoup de parents aussi !
https://www.journaldemontreal.com/2021/01/13/faut-il-annuler-la-semaine-de-relache-scolaire
ÉDIT du 6 janvier 2021 dernier; suite à la conférence de presse du premier ministre du Québec : MERCI MERCI, DE RÉOUVRIR LES ÉCOLES PRIMAIRES LUNDI PROCHAIN LE 11 JANVIER ! Pour les jeunes enfants, c’est trop dur à distance, surtout quand ils ont des handicaps ou des conditions et que ça leur tombe dessus sans préparation, pour les parents aussi ! Je ne sais pas si mon message s’est rendu directement, mais l’univers m’a répondu comme on dit ! Je suis tellement soulagée et contente !
Cri du cœur, mon espoir
Ma lettre pour le ministre de l’éducation du Québec, Jean-François Roberge,

juste un petit mot d’une maman autiste de deux enfants autistes, dont un avec une déficience intellectuelle, pour le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge, aujourd’hui, le 5 janvier 2021.
Je comprends, monsieur le ministre, que nous sommes dans une situation extrêmement difficile, avec la pandémie. C’est la galère, pour tous et toutes, MAIS, Je veux vous expliquer pourquoi une des récentes décisions de votre gouvernement liées à l’école à la maison ne fonctionne pas.
Il faut comprendre que normalement les parents qui font le choix de faire l’école à la maison, font leurs propres plans de cour et activités déterminées selon leur vie familiale. C’est aussi un énorme sacrifice que tous et toutes ne peuvent pas faire. Je ne suis pas de celles qui peuvent, pour diverses raisons. Heureusement nous avons un système d’éducation permettant à des professionnels formés d’aider les enfants dans leurs apprentissages.
Même si on m’envoie un plan de cour et un tas d’activités d’apprentissage scolaire avec une réunion sur Zoom ou Teams par jour : je ne suis pas une enseignante. Je n’ai pas été formée pour ça. Je ne suis pas une bonne pédagogue, surtout pas une orthopédagogue comme l’enseignante de mon ainé. Je ne suis pas une technicienne en éducation spécialisée ou une psychoéducatrice qui sont disponibles pour les classes adaptées.
Vous pensez sérieusement que je peux en l’espace d’une journée avec un plan de travail, me transformer en ces personnes qui ont eu de la formation postsecondaire pendant des années, dans ce domaine spécifique ?

Photo de Anna Tarazevich sur Pexels.com
Je vous envoie donc des PDF, des applications à télécharger pour apprendre à faire des chirurgies, réparer des autos, faire de la soudure et je vous demande de vous présenter au travail demain, gratuitement pour remplacer ces corps de métier, en plus de votre travail actuel ? C’est impossible ? Bien oui, c’est impossible. Vous ne savez sans doute probablement rien de ces métiers-là, sous toutes réserves. Vous allez probablement paniquer si on vous force à le faire!
Monsieur le ministre, votre décision a fait que ce matin j’ai fait une crise de panique mélangée à une crise d’autiste. Je ne pouvais concevoir ne pas écouter les consignes et ne pas me plier à la loi sur l’instruction. Je valorise l’éducation! Je veux que mes enfants apprennent des meilleurs enseignants, cependant, avec la crise actuelle, ce qu’on me demande de faire, c’est une tâche herculéenne. Ce que l’on exige de moi est au-delà de mes capacités, de ce que je peux faire comme simple maman.
Vous fermez les écoles soit, mais ne demandez pas aux parents d’être des suppléants en enseignement, gratuitement, en plus de leurs travail, études ou autres.
Vous savez fort bien que la tâche sera prise par la personne du foyer qui fait le moins d’argent, en général des femmes, qui devra couper dans leurs heures personnelles et/ou de travail. Bien des gens ont perdu et sont devenus plus précaires. Il est fort probable que ça se prolonge beaucoup plus que ce que votre gouvernement va affirmer publiquement, comme ç’a été le cas en mars 2020.
Monsieur le ministre, je n’ai pas eu de répit avec mes deux enfants handicapés depuis juillet 2020, honnêtement si les écoles sont fermées, ce n’est pas un travail d’enseignante non payée et non formée que je vais essayer et échouer de faire à la maison qui va m’aider à ne pas m’épuiser totalement. On va plutôt jouer dehors, faire des jeux de société, jouer à des jeux vidéo, regarder des films, s’amuser et se reposer en famille. Mon rôle c’est d’être mère, pas de palier aux problèmes du gouvernement avec l’école et la pandémie !
Me mettre moi et beaucoup d’autres parents dans une situation qui fait en sorte que nous ne respectons pas la loi sur l’instruction, tout simplement parce que c’est trop LOURD ! C’est injuste, torturant et la charge est juste aberrante !

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Je vois la chose ainsi, comme m’a dit une bonne amie à moi, mes enfants auront tout le temps du monde pour apprendre, donc une année de moins… ils feront une année de plus et puis c’est tout. C’est l’occasion pour moi et pour eux de passer du temps ensemble, de se coller, de se rassurer dans ces temps incertains. Je pense que ce serait l’occasion pour le gouvernement de comprendre qu’on ne pourra pas tout sauver de cette crise, mais qu’il faudrait vraiment plancher sur ce qui est prioritaire et raisonnable.
De grâce, prenez une décision qui aidera les parents à ne plus avoir cette lourde charge que représente l’enseignement, comprenez la culpabilité des mamans et papas à ne pas pouvoir respecter cette demande. Je suis une personne qui a toujours porté le masque, qui ne sort pas en public, qui n’a vu personne depuis le reconfinement, qui a respecté toutes les règles, cet été aussi pendant le déconfinement. Nous n’allons même plus dans l’épicerie, car nous faisons toutes nos commandes en ligne, etc. Tout ça, c’est réaliste, bien que déplaisant, liberticide. On s’entend, c’est faisable et surtout c’est un sacrifice que je comprends bien est essentiel pour limiter la propagation du virus! Mais là, Monsieur le Ministre, je dis non, on ne peut pas demander aux gens de s’improviser professionnels en éducation.
Arrêtez de grâce ! Je vous en supplie ! Ce qui nous pend au bout du nez, si on continue comme ça, ce sont des burn-out, des dépressions autant chez les parents que chez les enfants. Ceux-ci qui vont tellement décrocher et surtout qui ne voudront plus raccrocher à force de changements dans les politiques. On ne peut pas sauver cette année scolaire à mon avis, mais on peut sauver des gens ! Vous pouvez décider avec vos collègues et le premier ministre que tant que la crise ne sera pas définitivement derrière nous, la priorité pour votre gouvernement c’est le système de santé et éviter la propagation et que le reste est plutôt secondaire : présentement !
Je sais que c’est une décision difficile qui vous attend Monsieur le Ministre Roberge, j’ai espoir que mon message se rend à vous et vous touche suffisamment pour comprendre que ce que vous demandez n’est pas raisonnable, même dans les circonstances actuelles.

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J’ai espoir que mon cri du cœur dans ce texte va se rendre directement aux bonnes personnes, dont les valeurs vont aider à faire prendre conscience au gouvernement de ce qui se passe pour son peuple, à cet instant. Que vous serez vous-même suffisamment touché pour y réfléchir et peut-être même en parler, citer mon texte. Ne sait-on jamais. Pour l’heure, ça m’a fait du bien pour sortir de ma crise autistique, d’écrire sur ce que j’ai vécu aujourd’hui en voyant l’ampleur de la tâche demandée et qui va se poursuivre dans le temps…
Catherine Lilas
Complément de lecture : https://www.journaldemontreal.com/2021/01/06/pourquoi-les-ecoles-specialisees-sont-encore-ouvertes DE MARION PARAGE, TECHNICIENNE EN ÉDUCATION SPÉCIALISÉE