La culpabilité, le mal et la phobie sociale des jugements.

J’aimerais commencer ce texte en disant tout d’abord que c’est sans doute LA chose qui a été le plus insupportable à admettre et à écrire dans ma vie. Ça me donne le sentiment de pathétisme.
On supposerait que je n’ai jamais assez expié ma faute. Je m’explique, je vis dans un stress en arrière-plan constant, telle une musique de fond. De la culpabilité qui dévore. Il faut parler de religion et de mon éducation chrétienne. Découle de cela, pour moi, cette peur innommable de finir en enfer. Comme si la honte se portait légèrement. Intentionnellement ou non, dans le but de me protéger, je me suis mis à « ghoster ». En bon français, spectrifier. À fuir pour ma sécurité. Je vis dans une constante crainte que par vengeance quelqu’un m’attaque, que cela fasse des années que le conflit a eu lieu ou qu’il soit récent. Cela m’empêche de dormir et de manger parfois. Je constate que cette empathie à outrance, me fait m’oublier, moi. Que par conséquent, ils en profitent royalement pour prendre le dessus et me faire sentir comme une minable.
C’est encore pire, ça va plus loin que ça. Je crains d’avoir de l’ambition de présenter mes projets publiquement. La peur qu’un individu que j’ai vexé vienne me détruire. Pardonnez-moi le jugement, mais de la façon dont je vois certaines personnalités ainsi traitées, j’en déduis qu’il y a tout de même un fond de réalité. La société et sa propension à ne pas laisser une deuxième chance me font trembler. J’ai agi en faisant le mal dans ma vie, je ne suis pas parfaite. Lorsque je regarde comment ils essaient de se repentir et ce qu’ils reçoivent en pleine figure : évidemment que je me cache. Je ne veux absolument pas avoir à faire face à cela. La torture que je vis : une tourmente d’émotions qui n’en finit plus, surtout si par malheur je subissais le sort de tête de Turc de la population. Je n’ose même pas l’imaginer. Je m’efface, je disparais et je mets tout de côté; mes rêves, mes espoirs et mes ambitions. J’édulcore, je donne l’idée à quelqu’un d’autre afin qu’on ne m’identifie pas à quoi que ce soit. C’est là mon plus grand secret.
Je me demande les raisons de cette réaction. Prenons par exemple le criminel violent mais pénitent, souhaitant se racheter : serait-ce beaucoup trop empathique de laisser une seconde chance et de pouvoir vivre tous en paix ? Je suis outrée des gestes, mais loin de la révolte envers ce citoyen-là. Je peux me mettre à la place de cet être et me dire que ça rajouterait une couche au mal. Je pense que la torture mentale ne devrait pas être. Le règne de la souffrance est; à mon grand effroi. Résignés, silencieux pour l’heure présente, ils sont en colère ces personnages qui ont subi ce sort. J’ai pu avoir leurs confidences. Des gens qui pourraient s’amender et réussir. Des talents humains qui sont relayés au rang de persona non grata ad vitam æternam.
Je demande une société plus accueillante, qui pardonne, même « l’impardonnable ». Un peu plus d’écoute et cela va inciter au changement, à devenir meilleur. Sachant que si c’est le cas, la sentence populaire ne les poursuivra plus à vie. C’est le jeu social à l’école primaire, au secondaire et à l’âge adulte : l’intimidation. Que l’on se sente « justifié » ou pas, peu importe le crime ou la faute, c’est cruel et inefficace. Poussés au désespoir, que leur reste-t-il que la pauvreté, les conflits, les difficultés et la haine ? Nous devons en prendre conscience.
Mes chers humains, je ne vous demande pas de culpabiliser comme moi je le fais. Ce n’est pas sain et je le sais. Je vous enjoins simplement de lire ce texte et de prendre cinq minutes, sur les nombreuses années de votre vie, pour penser. Trouver une action pour améliorer les choses autour de vous face au mal, à la repentance et aux jugements collectifs qui en découlent.
Catherine Lilas
Repentante et apeurée. Autiste, mère et défectueusement humaine 😉