Le mensonge est-il une capacité sociale ? Que pensent les autistes du mensonge ? Coup d’oeil sur un sujet complexe et qui fait débat !

Toute vérité n’est pas bonne à dire — qui ne connaît pas cet adage ?

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En observant et en inscrivant mes réflexions sur la société, j’en viens à penser que toute vérité faisant appel à l’émotionnel (je connais une personne autiste qui va bien rigoler à la lecture de ce texte) n’est pas bonne à dire, mais qu’il ne vaut mieux pas mentir sur les faits. J’ai compris également que cela faisait partie des règles non écrites sur le mensonge social. Aucune intervenante ne va le dire, mais mentir est une capacité sociale. Elle jouerait un rôle social de protection contre la punition, la peur et de l’ego de l’autre. Ironiquement, c’est aussi la raison pour laquelle, socialement, on ne va pas affirmer que le mensonge social à connotation émotionnelle est éthique, mais hypocritement on va l’utiliser, sans jamais l’expliquer à ceux (les autistes) pour qui les codes sociaux non écrits ne sont pas évidents. Triples dissimulations. Par exemple: ce texte-ci arrive à une bizarre de conclusion qui ne nous avance guère : «Que mentir à autrui, ce soit le mépriser, nous semble peu contestable, mais qu’il y ait quelque chose comme un droit de garder pour soi, de dissimuler, de résister à la demande de vérité, d’aveu ou de transparence publique, quelque chose comme un droit au for intérieur, au silence, au secret, et même à la fiction, nous paraît tout aussi incontestable… Toutefois il nous faudrait trouver un moyen qui fasse que le mensonge, c’est-à-dire l’exception, demeure exceptionnel…»(Source:http://philo.pourtous.free.fr/Articles/Eric/mensongeethique.htm) Concrètement que veut dire exceptionnel? Comment peut-on le quantifier? Car d’une personne à l’autre, exceptionnel n’a pas la même définition quantitative. Par quel moyen pourrait-on le faire?

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Ici, on apporte une possible nuance : « Le mensonge, c’est simple, c’est un réflexe, ça ne demande aucun travail intellectuel.  Mieux vaut dire la vérité, quitte à l’adoucir : Je préférais ta coupe de cheveux avant, notamment parce que l’autre n’est pas dupe ». Source : https://www.lapresse.ca/vivre/societe/201409/26/01-4803975-du-bon-usage-du-mensonge.php

Je voudrais pointer un détail qui est assez drôle quand on y pense, puisque la personne utilise également la dissimulation de la vérité, nous la conseille et choisis pour cela le mot « adoucir. » Tout en nous faisant la morale sur le fait que mentir serait intellectuellement « faible », alors même qu’elle nous conseille de ne pas tout dire la vérité puisque l’autre est censé se rendre compte de cet adoucissement mensonge. Comment ? Que c’est rigolo !

Pourquoi je vous parle de tout ça? Parce que chez plusieurs autistes que je connais, le mensonge social et l’hypocrisie sont des sujets qui les bouleversent ou les passionnent. La mécanique derrière tout cela surtout. C’est quelque chose qui est fascinant, je leur accorde. J’utiliserai beaucoup mon humour autistique dans ce texte pour qu’il soit plus digeste, pour faire des clins d’œil à ma communauté autiste et avec une dose d’assouplissements pour qu’il ne soit pas trop cru… Enfin, peut-être si j’y arrive…

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Dans ce texte-ci, on blâme la nature même de la communication humaine : le psychanalyste J.-D. Nasio est catégorique : « Il est impossible de parler complètement vrai.  Cela, explique-t-il, tient d’abord à la nature même du langage : Dès lors que nous utilisons la parole, nous sommes condamnés à ne pas tout dire, car les mots ne reflètent jamais toute la vérité ; il y a toujours une partie de celle-ci qui reste cachée, inaccessible à la parole.  Dire la vérité, toute la vérité, signifierait être dans un rapport direct avec la réalité. Or, assure le psychanalyste,  nous sommes toujours dans l’interprétation … Donc dans le mensonge ? Cela signifie plutôt qu’il n’y a de vérité que subjective et affective. » Source : https://www.psychologies.com/Moi/Se-connaitre/Comportement/Articles-et-Dossiers/Pourquoi-nous-avons-besoin-de-mentir

Oh misère, c’est peut-être ça la raison pour laquelle je trouve la communication humaine épuisante, c’est tellement imprécis… Le grand assouplissement artistique de la communication, c’est flou, mais c’est doux !

Hum…. La vérité dans les émotions (affective) ? Vraiment ?… J’en connais quelques-uns d’autistes qui vont sourciller à l’objectivité des émotions…

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« Nous mettons nos enfants devant un message difficile à comprendre : c’est pas beau de mentir, mais parfois c’est utile de mentir tout cela vient du fait que nous confondons et mettons sur le même plan plusieurs sortes de mensonges. Des mensonges anodins et préservant la paix sociale et des mensonges plus graves utilisés pour tromper l’autre » source : https://www.cairn.info/revue-actualites-en-analyse-transactionnelle-2011-1-page-83.html

Tout ça est bien joli, mais concrètement où est la limite entre les deux ? L’intention de la personne ? La perception de la personne faisant usage de mensonge , celle de l’autre la recevant et se rendant compte de la supercherie? Ah ! ça doit être ça la ligne sociale du code social que comme autiste je suis incapable de voir… Est-ce cela l’assouplissant qui adoucit la vérité ?

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J’aurais tendance à dire que nous nous mettons les adultes dans le même message difficile à comprendre. En lisant les textes sur le mensonge, en philosophant sur la question on se rend bien compte que c’est un fouillis de concepts abstraits hautement émotionnels et assez curieusement mensongers en eux-mêmes… Oh pardon, « adoucissant » la vérité. Ce texte n’est pas commandité par une marque d’assouplissant textile, mais ça aurait pu, vu le nombre de fois que j’utilise le terme !

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Ou alors peut-être qu’on n’a pas encore trouvé le moyen de communication permettant d’en traduire la réalité précise?

Quoi qu’il en soit je suis totalement d’accord avec la fin du dernier article : « Dans une société idéale où chacun vivrait avec le respect de soi et des autres, la confiance serait telle que l’on pourrait vivre sans mensonge. Mais nous n’en sommes pas encore là. Alors. »

Alors, alors…. Alors… Bonne journée!

Catherine Lilas

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